L’incident du comédien qui s’est dénudé sur la scène du
théâtre municipale et le déchaînement des réactions hostiles, voire violente, à
son égard et donc à l’égard du Théâtre et de la culture qu’ont déclenché les
islamistes de tous bords, m’a fait rappelé un film « Le nom de la
rose », tiré lui-même d’un roman au même titre écrit par le professeur
italien Bernardo Eco et publié en 1982.
Le film (et donc le roman aussi) retrace la confrontation
entre la religion (ici catholique de l’église chrétienne) et la science. Et ce
cas, retracé par cette fiction basée sur des parchemins séculaires découverts à
la moitié du vingtième siècle en Italie, est similaire à ce qui se passe
aujourd’hui avec les mouvements islamistes partout dans le monde, et en
particulier en Tunisie.
L’auteur soutient que les hommes de la religion ne veulent
pas éduquer les gens parce que par l’éducation ces derniers comprendront les
stratagèmes de l’église (et du pouvoir aussi) et découvriront ses manœuvres
dilatoires à leur égard, telles que l’imposition de la dime (taxe). Dans ce
cadre, la religion, ou du moins l’interprétation religieuse d’une certaine
façon pour ne pas tomber dans l’exagération et le jugement de valeurs, a été,
de tout temps, contre la science et la culture. Rappelez-vous pendant la
période d’après la révolution le 14 janvier 2011, l’apparition des
salafistes et autres tendances et partis islamistes qui interdisaient le
théâtre et la culture au nom du « Hram ». C’est exactement le même
cas. Les islamistes ne comprennent pas voire ignorent que l’art est amorale par
défaut. La morale empêche, même si relativement, la créativité. La créativité
de tous bords, artistique, scientifique … etc, ne peut se faire sans la liberté
du penseur, en particulier, et la Liberté en générale, droit fondamental
exprimé clairement par la constitution tunisienne. Il est à remarquer que
l’incident s’est produit à l’intérieur d’un espace clos et ceux et celles qui
n’ont pas aimé sont sortis, donc il devrait s’arrêter là. Mais voila que nos
sieurs les religieux profitent de l’occasion pour déchaîner une campagne
d’hostilité afin de propager la peur dans les cœurs des gens et surtout
propager l’idée que ce n’est pas de l’art, mais une attaque aux valeurs morales
de la société. C’est comme si nous avons tous les mêmes valeurs morales ou que
celles-ci sont immuables et que nos sieurs de la religion en sont les éminents
représentants.
Dans ce film, il y a une scène typiquement expressive. C’est
celle où des prêtres dominicains (les riches qui défendent la richesse de
l’église) discutent avec des franciscains (les pauvres qui ne possèdent rien et
cherchent à aider les pauvres) de la robe du Christ. Les premiers prétendent
qu’il l’a achetée et donc il a droit de la garder, donc par ricochet l’église a
droit d’être riche, et les seconds allèguent qu’il l’a empruntée et donc il
doit la rendre à son propriétaire, donc l’église ne doit rien posséder et le
Christ était pauvre. Cette scène explique le droit de la propriété. L’église
doit-elle avoir des biens et imposer des impôts à ses suivants ou non ? En
plus, elle met, de ce fait en arrière plan, en exergue les rixes et les frictions
en les parties de droite (capitaliste) et de la gauche (socialiste et
communiste). Ce cas est similaire, aussi, à ce que font les islamistes qui sont
des capitalistes à crocs de loup ; ils s’enrichissent de tout bord comme
quoi « Dieu est riche et aime les riches ». Cette expression a été
dite par Ghannouchi en personne en directe à la télévision.
Enfin, il y a aussi cette tendance des hommes de la religion qui
veulent tout dominer à commencer par la politique, la culture, l’éducation et
tous les secteurs de la vie ; ce qui mène à l’apparition des confrontations
avec plusieurs parties, parmi elles les autorités. De ce fait, les islamistes
(prétendus religieux) tiennent, subtilement, un discours qui inspire et
structure la réflexion sociale au point de
la faire déboucher sur une revendication politique des plus audacieuses, c’est
celle d’interdire les présentations artistiques de tous genres tant qu’elles ne
se plient pas aux dogmes moraux qu’ils imposent à la société.
Pour ceux et celles qui veulent comprendre plus le roman, le
film et la réalité voici deux liens. Ce Le premier, sur Youtube, le réalisateur
Jean-Jacque Annaud explique, à sa manière, les dessous du film et donc ça aide
à comprendre. Et le second pour le roman en format électronique pour ceux et
celles qui veulent lire.